Baromètre-thermomètre à motifs d’écailles de poisson
- Description
- Histoire
France, époque Louis xvi
Attribué à Antonio Carcano dit Carcani ou Carcany (vers 1755–1820)
Bois sculpté et doré
Le cadran est signé : « Par le Sr. Carcanï Rue et faubg St-Antoine a coté La fontaine charonne au Ladons Royaux »
Hauteur : 100 cm – 39 ½ inches
Largeur : 43 cm – 17 inches
Profondeur : 5 cm – 2 inches
Exemples comparables :
- Antonio Carcano dit Carcani ou Carcany, Baromètre-thermomètre au vase fleuri, époque Louis xvi, vers 1770, ancienne collection de la galerie Léage
- Antonio Carcano dit Carcani ou Carcany, Baromètre-thermomètre au trophée de guerre, époque Louis xvi, dernier quart du xviiie siècle, collection particulière
Ce baromètre-thermomètre d’applique présente un baromètre en forme de tondo surmonté d’un thermomètre encadré par un filet perlé. Le cadran circulaire du baromètre se déploie sur un fond à motif d’écaille cerné dans sa partie supérieure de deux frises de denticules, et flanqué de volutes en C et de rinceaux feuillagés. L’ensemble est surmonté à l’amortissement d’un cartouche composé de deux rinceaux en C affrontés entre lesquelles s’étalent des fleurons en éventail. L’ensemble est couronné de fleurs au naturel. Deux cordelettes suspendues croisent dans leurs boucles les rinceaux en C qui encadrent la partie basse de l’applique accueillant le thermomètre. Un culot feuillagé terminé par une gaine et surmonté d’une corniche constitue l’extrémité de la partie inférieure. Au cadran, une aiguille en métal noir pointe diverses indications météorologiques inscrites à l’encre autour d’une rose des vents. Ces indications sont réparties comme suit dans le sens des aiguilles d’une montre :
- « VARIABLE»
- « BEAUTEMS»
- « BEAUFIXE»
- « TRÉSSEC »
- « TEMPÊTE»
- « GDE PLUYE»
- « PLUYE OU VT»
Figurent également :
- Dans l’axe Nord le nombre « 28 »
- Dans l’axe Sud-Est le nombre « 29»
- Dans l’axe Sud-Ouest le nombre « 27»
- La signature « Par le Sr. Carcani Rue et faubg St-Antoine a coté La fontaine charonne au Ladons Royaux» entre les termes « TEMPÊTE » et « TRÉSSEC ».
Le thermomètre présente une gradation « de Réaumur », en référence à l’échelle de température conçue par le physicien et inventeur français René-Antoine Ferchault de Réaumur en 1731 allant de 30 degrés et plus à -20 degrés et davantage. Il est doté d’une éprouvette à alcool rouge graduée plaquée sur un décor associant une échelle de température surmontée d’une couronne enrubannée flanquée de fleurs.
Histoire du baromètre
Le premier baromètre - un baromètre à mercure - est inventé en 1643 par Evangelista Torricelli. Ce physicien italien fut le premier à mettre en évidence l'existence de la pression atmosphérique. Au cours de ses expériences, il remarque que la hauteur du mercure dans le tube varie en fonction des changements météorologique. Son contemporain italien, le physicien et chimiste irlandais du xviie siècle Robert Boyle sera le premier à utiliser le terme de « baromètre », du grec Baros :« poids, pesanteur ».
Sur un baromètre du xviiie siècle, à l'image de celui étudié ici, le mécanisme conçu par Torricelli se trouve à l'arrière. La pression atmosphérique exercée par l'air dans le tube sur le mercure actionne l'aiguille de son cadran. L'intérêt de l'époque pour la science amène les artisans à associer comme c'est le cas ici, baromètre et thermomètre.
Histoire du thermomètre
Traditionnellement attribué à Galilée qui en défini le principe, l'invention du thermomètre remonte au milieu du xviie siècle. C'est en effet à cette époque qu'est mis au point cet outil destiné à mesurer la température grâce à la dilatation d'un liquide contenu dans un tube de verre. Au cours des xviie et xviiie siècles, plusieurs physiciens perfectionnèrent cet instrument et proposèrent différentes échelles actuelles. Ainsi, le grand-Duc de Toscane Ferdinand de Médicis créer en 1717 pour que l'Allemand Fahrenheit invente le premier thermomètre à mercure et l'échelle qui porte son nom. Puis, en 1742, le Suédois celsius élabore une échelle allant de 100°C pour la congélation de l'eau à 0°C pour son ébullition, gradation qui sera inversée à sa mort. en 1794, la convention homologue cette échelle de degrés centigrades qui mettra plusieurs années à s'imposer en France, concurrencée par l'échelle de Réaumur ici présentée. L'échelle Celsius demeure cependant la plus utilisée aujourd'hui. Le thermomètre à mercure ou à alcool peut être à lecture directe ou à cadran. Dans ce cas, un mécanisme relie un flotteur placé dans la colonne à une aiguille.
À la fin du xviie siècle, le thermomètre et le baromètre quittent les laboratoires des scientifiques pour être admis dans les intérieurs de personnes éclairées. Dans le cadre des collections encyclopédiques du xviiie siècle, les instruments et les machines plaisent de plus en plus, à la fois pour leur décor et la préciosité de leurs matériaux, mais également pour la beauté de leur forme. Les sciences prenant une place grandissante dans la société, princes ou riches aristocrates aiment à posséder des instruments les associants aux dernières découvertes.
Si la fabrication des mécanismes des baromètres et des thermomètres réclame les compétences très particulières d’un opticien, celle de l’objet est confiée aux menuisiers qui créent des écrins pour ces instruments.
Antoine Carcano dit Carcani ou Carcany (vers 1755-1820)
Fabricant de thermomètres, de baromètres et d’instruments scientifiques d’origine italienne, Antoine Carcano est né vers 1755. Initialement établi au 37, rue de la Roquette dans le Faubourg Saint-Antoine à Paris, on le retrouve ensuite au 2, place Dauphine sur l’Île de la Cité. Cette dernière adresse prestigieuse témoigne d’un certain succès qui lui permet de devenir « constructeur de baromètres et instruments scientifiques pour l’Ecole Royale Militaire » en 1786. Sa signature témoigne également de son ascension sociale. Ainsi, après avoir utilisé dans un premier temps son nom de famille, Carcano (parfois Carcani ou Carcany), il le transforme en « le sieur Carcarno », suivi successivement de son adresse dans le Faubourg Saint-Antoine, précisant de plus qu’il est installé « a coté La fontaine charonne au Ladons Royaux » où il construit le thermomètre-baromètre présent.
Par la suite, il souligne encore davantage sa réussite professionnelle en ajoutant qu’il est « constructeur de baromètres pour l’École Royale Militaire », et précise sa nouvelle adresse
place Dauphine.
Le 12 octobre 1792, alors qu’il sert depuis un mois comme citoyen soldat gendarme de la Bastille au sein du 48e bataillon de Popincourt, Antoine Carcano adresse une lettre au secrétaire de la Convention nationale demandant « l’envoi de sa pétition aux Comités des procès-verbaux, de la guerre et militaire, afin de pouvoir faire ses expériences ».
Antoine Carcano a également bénéficié d’une clientèle internationale. En 1787, il fournit à l’opticien anglais Peter Dollond (1731-1821) à Londres des tubes pour ses baromètres marqués « Fecit Carcano » tandis que le 30 août 1813, le physicien anglo-américain Benjamin Thompson, passé à la postérité sous le nom de Rumford (en référence à son titre de comte de Rumford), présente un vase thermométrique fabriqué par Carcano qu’il utilisera dans le cadre de ses recherches sur le rayonnement calorifique. Sept ans plus tard, le professeur américain William Davis Merry Howard publie une description du thermomètre différentiel de Carcano qu’il vient de recevoir, ces deux derniers exemples confirmant ainsi que le scientifique français a pu reprendre son activité après la Révolution française, et retrouver son atelier sur l’Île de la Cité.
Bibliographie :
- Daniel Alcouffe, Anne Dion, Gérard Mabille, Les bronzes d’ameublement du Louvre, Dijon, Faton, 2004, p. 213, n°108
- Bibliothèque universelle des sciences, belles-lettres, et arts faisant suite à la Bibliothèque Britannique, Tome 13, Cinquième année, Imprimerie de la Bibliothèque universelle, 1820, p.249
- Antoine Carcano, Lettre manuscrite d’Antoine Carcano adressée à la Convention nationale, datée du 12 octobre 1792 et reçue le 13 octobre, Paris, Archives Nationales (réf. C//241 1792)
- Camille Frémontier-Murphy, « Une collection d’instruments scientifiques au musée du Louvre » , L’Estampille‑L’Objet d’Art, n°342, Décembre 1999, p. 40–53
- Chevreul, Dumas, et al., Annales de Chimie et de Physique, sixième série, tome I, Paris, G. Masson Éditeur, p.288
- Alexandre Tuetey, Répertoire général des sources manuscrites de l’histoire de Paris pendant la Révolution française, Paris, Imprimerie Nouvelle, 1890–1914, Année 1908, Volume 8, page 23, article 167
- Camille Frémontier-Murphy, « Une collection d’instruments scientifiques au musée du Louvre » , L’Estampille‑L’Objet d’Art, n°342, Décembre 1999, p. 40–53
- Chevreul, Dumas, et al., Annales de Chimie et de Physique, sixième série, tome I, Paris, G. Masson Éditeur, p.288
- Alexandre Tuetey, Répertoire général des sources manuscrites de l’histoire de Paris pendant la Révolution française, Paris, Imprimerie Nouvelle, 1890–1914, Année 1908, Volume 8, page 23, article 167
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