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Fontaine en tôle peinte et dorée

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    • Description
    • Histoire

    France, fin du xviiie siècle

    Tôle peinte et dorée

     

    Hauteur : 93 cm – 36 ½ inches

    Largeur : 50 cm – 20 inches

     

    Cette fontaine en tôle présente la silhouette d’une urne, coiffée d’un couvercle en chapiteau, et sommée d’une pomme de pin. La ceinture est ornée sur son pourtour d’un large bandeau formé de losanges dorés. Une guirlande lâche de laurier, retenue par un disque de tôle dorée, vient agrémenter la partie centrale de la fontaine. Le cul de lampe est décoré en son centre d’un mascaron en tôle dorée, dont la bouche, largement ouverte permet à l’eau de s’écouler. Le piètement, formé d’un piédouche, présente une large bague de tôle dorée en son centre, et et est simplement moulurée sur sa partie basse. De larges anses en forme de grecques, placées de chaque côté de la fontaine, viennent compléter l’ensemble, où subsiste quelques traces de peinture rouge effacée par le temps. Le tout repose sur un petit socle carré.

    Objets en tôle peinte

    Étudiés depuis peu, les plus anciens objets en tôle laquée qui nous sont parvenus sont datées de l’époque Régence ou du début de l’époque Louis xv, là où l’engouement pour les laques orientaux et la recherche fiévreuse d’imitation de ces laques semble avoir été à l’origine de la mise au point de cette technique.

    Si le décor de ces objets imite la laque, leurs formes et leurs typologies s’inspirent dès le début de celle de l’argenterie et, surtout, de la faïence et de la porcelaine. Rare cependant sous Louis xv, la tôle laquée connut un regain de faveur dû à l’anglomanie dans la seconde moitié du xviiie siècle. En effet, en Angleterre, à Pontypool, était établie depuis les années 1730 une manufacture de tôle peinte qui connut un grand succès. En France, deux magasins étaient spécialisés, entre autres, dans les objets anglais et à l’imitation de l’Angleterre. Le premier, le Magasin anglais, fut tenu par madame Blakey de 1766 à 1776 rue des Prouvaires. Le second, à l’enseigne Au Petit Dunkerque, fut un des magasins les plus à la mode du Paris de la fin du xviiie siècle. En réaction à ces importations anglaises furent créées deux manufactures dédiées exclusivement à cette production qui vinrent donc s’ajouter aux ateliers de peintres vernisseurs dans la production de ce type d’objet. La première manufacture dite « de la Petite Pologne » eut une existence très courte puisque créée le 5 mai 1768, elle cessa son activité au mois de décembre 1772. La seconde manufacture parisienne fut créée le 30 mars 1771 mais en 1776 sa production d’objets de serrurerie était quasiment trois fois supérieure à celle des objets laqués.

    Certains marchands-merciers comme Granchez à l’enseigne Au Petit Dunkerque, ou madame Blakey en particulier, acteurs majeurs du marché de l’art toujours avide de créer de nouvelles modes auprès de leurs amateurs, s’intéressèrent aux objets en tôle et sont vraisemblablement à l’origine des rares exemples de monture en bronze doré servant d’écrin à certains d’entre eux.

    Le goût néoclassique et l’influence grecque

    Cette fontaine s’inscrit parfaitement dans le courant néoclassique des année 1770.

    Dès les années 1750, répondant aux réclamations d’un petit groupe de critiques qui, dénonçant les extravagances du rocaille, aspiraient à retrouver la « noble simplicité » des maîtres de l’Antiquité, commença à apparaître un goût de plus en plus prononcé pour le vocabulaire néoclassique. Le voyage en Italie organisé par la marquise de Pompadour pour former le goût de son frère, Abel Poisson, marquis de Vandières, futur directeur général des bâtiments du Roi, en compagnie du graveur Charles-Nicolas Cochin, de l’architecte Jacques-Germain Soufflot et de l’abbé Leblanc entre novembre 1749 et mars 1751 est considéré dès l’époque comme marquant l’émergence du « goût grec ». Il fut suivi en décembre 1754 de la parution dans le Mercure de France d’une « supplication aux Orfèvres, Ciseleurs, Sculpteurs en bois pour les appartements et autres » par Louis-Sébastien Mercier, véritable plaidoyer en faveur de la ligne droite, du respect des proportions et de l’équilibre, et rappel pressant à la noblesse du répertoire ornemental antique. C’est ainsi que dans les années 1760, ce nouveau goût s’empara de la capitale comme d’une véritable folie. Peintres, ébénistes et bronziers, surent y répondre préfigurant alors le vocabulaire développé à l’époque Louis xvi. Cette fontaine, avec sa forme de vase antique à tête de mascaron, sa frise géométrique, sa guirlande de laurier, et les anses en forme de grecques, présente tout le vocabulaire de ce courant stylistique. 

    Bibliographie

    • Sous la direction d’Anne Forray-Carlier et de Monika Kopplin, Les secrets de la laque française, le vernis Martin, Paris, 2014.
    • Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du xviiie siècle, Paris 1987.
    • Pierre Kjellberg, Objets montés du Moyen Age à nos jours, Paris, 2000.