Miroir vénitien
- Description
- Histoire
Italie du Nord, probablement Venise, vers 1700
Bois recouvert de feuilles d’argent
Verre et bronze doré
Hauteur: 42 cm – 16 ½ inches
Largeur: 32,5 cm – 12 3⁄4 inches
Exemples comparables
- Miroir vénitien, vers 1790, collection privée
- Miroir vénitien, début du xviiie siècle, collection privée
Ce miroir de forme rectangulaire présente sur tout son pourtour extérieur des baguettes torsadées en verre, suivi d’une fine bande tore.Celle-ci est ornée sur chaque pan du cadre de deux sections de rinceaux accolés en bronze doré et encadre une large bande, elle-même ornée d’épais rinceaux de bronze doré sur chaque côté, unis par une coquille. Une succession de deux fines baguettes torsadées en verre précèdent la glace. Chaque angle est orné d’une large palmette de bronze doré.Le miroir possède sur sa partie supérieure une attache en bronze doré en rinceaux, de forme pyramidale. Au centre est représenté un mascaron de tête d’enfant.
Les miroirs au xviie siècle
C’est à la fin du xve siècle qu’apparaît en Italie, dans l’île de Murano, la technique de fabrication des miroirs dite « au mercure », la seule capable de produire des miroirs de qualité et d’une taille conséquente. La méthode consistait à appliquer une décoction d’étain et de mercure mélangés à chaud sur une plaque de verre. Ce procédé était très toxique, et coûta la vie à de nombreux ouvriers. Il fut remplacé en 1837 par la technique de l’argenterie, puis définitivement interdit en 1850. La République de Venise protégeait jalousement son monopole sur ces objets de luxe, rendant leur importation très coûteuse (30 000 livres or par an). Souhaitant l’autosuffisance pour les arts et manufactures de la France, Jean-Baptiste Colbert, ministre des Finances de Louis xiv, envoya des espions à Murano et fit venir à prix d’or des ouvriers vénitiens dans le faubourg Saint-Antoine de 1665 à 1667. Ces derniers étaient menacés de mort par la République de Venise s’ils trahissaient le secret de la fabrication des miroirs. C’est à cette époque que fut créée la Manufacture royale de glaces de miroirs qui fut transférée près de Cherbourg en 1668, obtenant alors privilège exclusif de fabrication de «glaces de miroirs».
Fabriquant des miroirs grâce à la technique du « verre blanc soufflé en manchon », la manufacture royale a pu à partir de cette date rivaliser avec les productions vénitiennes. Pour obtenir un verre plat, celui-ci était d’abord soufflé pour former une bouteille creuse, appelée « manchon », puis découpé aux extrémités. Le cylindre obtenu était ensuite coupé dans le sens de la longueur et déployé pour obtenir une feuille de verre. Avec les 357 miroirs d’une taille exceptionnelle soufflés pour la Galerie des Glaces achevée en 1684, le luxe à la française s’impose définitivement. La manufacture fusionne en 1695 avec une autre, installée sur le site de l’ancien château des Sires de Coucy, à Saint Gobain dans l’Aisne.
À la fin du règne de Louis xiv, l'industrie miroitière avec à sa tête, la Manufacture royale de glaces de miroirs, exportait des glaces dans toute l'Europe pour un équivalent de 300 000 à 400 000 livres or par an. Le monopole vénitien fut ainsi remplacé par le monopole français. La Manufacture royale de glaces de miroirs perdit ses privilèges à la Révolution.
Elle se métamorphose ensuite en actuelle compagnie de Saint-Gobain. L’ornement de ce miroir présente les caractéristiques des miroirs vénitiens, avec notamment la présence des baguettes torsadées en verre. Au tout début du xviiie siècle, ce travail du verre est encore principalement maitrisé par les artisans italiens, en particulier des Vénitiens, à qui par conséquent ce miroir est attribué.
Bibliographie :
- Georges Vigarello, Le propre et le sale : l’hygiène du corps depuis le Moyen Âge, Paris, Seuil, 1985.
- Graham Child, Les miroirs, 1650–1900, Paris, Flammarion, 1990.
- Nicolas Courtin, L’art d’habiter à Paris au xviie siècle, Paris, Éditions Faton, 2011.
- Nadeije Laneyre-Dagen, Georges Vigarello, La toilette, La naissance de l’intime, catalogue d’exposition Musée Marmottan, 2015.
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